Un jour, je viendrai dans ton pays, Toulabas, j’apprendrai à me déplacer et à dialoguer avec les locaux, j’essaierai d’immortaliser les moindres moments de ta vie mais aussi de ton environnement. Il est important de pouvoir te parler de la culture, des coutumes de ton pays d’origine pour que tu puisses éprouver l’envie d’y retourner, avec nous, un jour. Il est toujours difficile de partir, de laisser tout ce que l’on aime, nos joies comme nos peines, nos souvenirs et tout ce que l’on aurait voulu vivre.
Lorque tu seras là je te raconterai, que chez nous aussi, certains ont dû quitter leur pays, ont dû tout abandonner, pour pouvoir garder la vie sauve. Ils ont pris leurs enfants, leurs valises, en laissant leur maison et leurs biens derrière eux, tout en sachant qu’ils n’y reviendraient certainement jamais. Ils ont attendu jusqu’au dernier moment, pensant qu’ils pourraient résister, puis ont dû se résigner à prendre un des derniers avions en 1962. Elle aussi, a laissé des êtres chers à son cœur Toulabas, et lorsqu’elle me parlait de son pays, avec cet accent et cette façon de s’exprimer qu’elle n’avait pas perdu, c’était toujours avec nostalgie et tristesse. Elle se voyait encore sur les marches de la Grande Poste, et ne rêvait que de pouvoir y retourner, libre de ses choix et de ses mouvements, revoir sa maison, sa ville blanche. Elle savait pertinemment que c’était impossible, et qu’elle ne pourrait réaliser son périple, par manque de temps, d’argent et surtout à cause des évènements dans ce pays depuis bon nombre de décennies. Maintenant qu’elle nous a quitté, elle nous a laissé pour héritage ses grandes malles qui l’ont suivies à chaque déménagement, remplies de je ne sais quoi, en intriguant plus d’une personne dans la famille, lorsqu’il l’aura aidé à s’installer. Elles ne contenaient rien de précieux mais elle les installait toujours de telle manière à former des étagères, qu’elle recouvrait d’un grand tissu vert, où elle déposait la photo avec son cadre, qui l’a suivit partout, toute sa vie et jusqu’à ses dernières heures.
Tu vois donc que nous avons déjà tant de points communs, et aujourd’hui je peux te promettre qu’un jour nous retournerons ensemble, sur le chemin du début de ta vie, pour toi et en souvenir pour mémé Antoinette, qui elle, n'a pu réaliser ce retour aux sources.